Maisons à colombages et runologie (2ème partie)

Généralités sur le pan de bois ou colombage, suite

Dans la première partie de cette étude, nous avons vu que le pan de bois est un mode de construction et d’habitat spécifique aux populations celto-germaniques, et qu’il est géographiquement bien plus étendu que l’Allemagne, à laquelle on le rattache d’ordinaire.

Nous avons vu également que les maisons à colombages sont couvertes de symboles parmi les plus primordiaux, et notamment l’alphabet Futhark (runique) au complet. Ce qui nous laisse supposer une ancienneté bien plus lointaine que le Moyen-Âge.

Le patrimoine du bâti à pans de bois a énormément souffert des guerres et de l’urbanisme modernes. Les photos sont formelles : avant la seconde guerre mondiale, les villes allemandes avaient des centres historiques remarquables. Un patrimoine préservé et entretenu avec amour, une haussmannisation limitée, tout cela a disparu sous les tapis de bombes. La ville saxonne d’Hildesheim notamment était réputée pour ses nombreuses et remarquables maisons à colombages, ainsi que Braunschweig, Kassel, Halberstadt, Francfort-sur-le-Main, etc.

(Maison de la Guilde des bouchers, Hildesheim, Allemagne)

En France, la Normandie a été durement touchée elle aussi. La vieille et pittoresque cité normande de Lisieux est partie en fumée en juin 1944, et avec elle le fameux Manoir de la Salamandre, dont les symboles avaient fait l’objet d’une interprétation alchimique par Fulcanelli. [Note d’Oleg : C’était donc un rébus odinique, puisque l’alchimie du catholique Fulcanelli a principalement servi à masquer le patrimoine celto-odinique. Fulcanelli est de ce fait une référence dans la Franc-maçonnerie. La salamandre on le sait, était l’emblème du roi au coeur odinique, François 1er]

Le XIXème siècle n’appréciait plus les vieilles rues moyenâgeuses et sinueuses bordées d’antiques maisons de guingois. L’urbanisme de cette époque a taillé dans le vif et fait disparaître d’innombrables maisons de bois pour les remplacer par des maisons modernes, dans des rues bien larges et bien rectilignes. Voir par exemple les travaux d’Haussmann dans Paris. Il a fallu la réaction des romantiques et notamment de Victor Hugo pour que ce patrimoine soit enfin reconnu et préservé. Imagine-t-on ce que l’Alsace perdrait en charme et en pittoresque sans ses maisons à colombages ?

Poursuivons la revue de l’alphabet runique.

La rune Uruz 

Très fréquente sur les maisons à pans de bois, son nom signifie « Aurochs » . Elle représente une corne, elle apparaît donc généralement par paire. C’est la force vitale, mais une vitalité animale, terrienne. Symbole de protection évident, pourrait aussi indiquer la maison d’un éleveur ou d’un boucher ; sur ces maisons de la rue de la Boucherie à Limoges, nous voyons de nombreuses paires d’Uruz :

 

[Note d’Oleg : Uruz est aussi une figure de l’Ours. L’Aurochs, animal comparable au bison, était un taureau massif qui a malheureusement disparu des forêts d’Europe, exterminé par la folie chrétienne qui voyait en lui « le mal », « le démon » : dans la Tradition kelte, l’Auroch est un animal sacré que l’on ne chasse et mange que sous autorisation religieuse.]

Cette maison d’Obernai semble avoir au moins six paires d’Uruz :

Sur cette maison de Quimperlé, une paire de cornes joliment stylisée avec les deux formes de la rune Uruz :

La rune Mannaz

Ramenant à l’Homme par son étymologie (anglais : man, allemand : Mann), répétée elle aussi plusieurs fois sur ces maisons de Guingamp :

Cette répétition, outre l’effet hautement décoratif qu’elle produit, renforce la signification. Le propriétaire de cette maison a-t-il voulu signifier qu’il est un homme à part entière, c’est-à-dire un homme libre ? [Note d’Oleg : Mannaz c’est aussi Ehwaz (le cheval) associé à Dagaz (le temps), c’est donc une évocation de Sleipnir, comme pour signifier à l’homme l’objectif qu’il doit se fixer… Chevaucher Sleipnir, autrement dit comprendre le langage des ancêtres et sa haute portée philosophique et spirituelle.]

La rune Perthra (ou Perthro)

Celle-là n’a pas été facile à trouver, elle n’apparaît que très rarement. Sa signification semble avoir été secrète, ésotérique voire initiatique. Son écriture était même parfois prohibée. Ce n’est donc pas un personnage quelconque, celui qui habite la maison portant un tel signe. [Note d’Oleg : Perthra est graphiquement très proche de Stan,

dont la signification critique renverse l’histoire de France pour la faire retomber sur ses pattes odiniques… Perthra est liée à la déesse Frigg, aux choses cachés, et au cheval cabré ou dressé. Pour plus d’explications sur les secrets des runes, voir “L’Edda de Snorri analysé par Oleg de Normandie”]

(Maison à Gallardon près de Chartres)

La rune Algiz

Sa signification est « Élan » (l’animal). C’est encore un symbole de protection par la présence des cornes. Un paravent ou mieux, un bouclier.

(À suivre)

Thorvald, pour la Team Odin

Comments1

  1. Certaines régions de la Normandie révèlent une forte concentration de maisons à colombages et à toits de chaumes, notamment pour l’habitation rurale, comme le pays d’Auge ou le pays de Caux par exemple. Ces deux régions ont été particulièrement marquées par l’implantation des vikings au IX siècle. On retrouve également des runes sur les façades de briques en Normandie, Picardie, Pas de calais, Sologne ou Berry… sur les châteaux ou les habitations rurales.

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